Samedi 16 septembre s’est tenue la 3ème édition du Motion Plus Design’s Meet-up à Paris. J’ai eu la chance d’assister à chaque événement depuis 2015 (année de l’incontournable talk de JR Canest ), et cette année encore ce fut une expérience très enrichissante !
La journée de conférence a été ouverte par le turc PAK. Ce créateur n’est pas simplement motion designer, il aime « créer des outils de création ». Ayant des parents scientifiques, il a naturellement été amené à travailler sur des projets d’automatisation de création comme l’intelligence artificielle Archillect, qui fait de la veille visuelle. Dans ses vidéos et ses créations artistiques, Pak aime chercher des formes pures (la plus pure étant le cercle selon lui) et abstraites, pour amener chacun à y voir sa propre signification.
Tout comme Matthieu Colombel l’avait affirmé au Motion Motion, Pak pense qu’être designer c’est trouver des solutions – ce qu’il a imagé avec un parallèle très amusant entre les Lego Technic et les Lego System. Il a également parlé d’une sorte de déclic qu’il a eu pendant qu’il travaillait sur un projet 3D : la réalité est imparfaite (et des formes trop parfaites donnent donc une impression de faux). C’est là qu’il a rebondit sur une référence très intéressante au Kintsugi : un art japonnais qui consiste à réparer des porcelaines ou des céramiques brisées avec de la laque d’or, dans le but de sublimer l’histoire de l’objet. Bref une conférence très diversifiée et inspirante !
Le festival a également accueilli Rama Allen, de la célèbre société The Mill. J’ai trouvé très intéressante sa philosophie qu’il appelle « the hunter & the alchemist » : pour lui un designer doit être à la fois un chasseur et un alchimiste. Un chasseur pour savoir explorer en dehors de sa discipline (en voyageant, en lisant des livres, …), et un alchimiste pour pouvoir combiner toutes ces inspirations diverses dans le but de créer quelque chose de différent.
Plusieurs grands talents étaient également présents comme l’américain Chris Bjerre, les japonnais Masanobu Hiraoka & Tao Tajima ou encore le chinois ZAOEYO. Mention spéciale à ce dernier d’ailleurs, un autodidacte qui a commencé le motion design sur PowerPoint (oui, et ça envoyait !) et qui aujourd’hui réalise de superbes vidéos… seul la plupart du temps !
Enfin, le grand Kyle Cooper a clôturé la journée. Ce génie a presque 300 génériques de films à son actif, dont l’intemporel SEVEN, ou encore les plus récents American Horror Story. Son témoignage contrastait beaucoup avec les autres speakers qui étaient plus ancrés dans la technologie et l’innovation : Kyle Cooper, lui, prône le bidouillage, le fait main et l’expérimentation en réel. C’est comme ça qu’il obtient des rendus inattendus et très originaux comme les effets de typographie dans le générique de Dawn of Dead réalisés avec de l’ammoniaque !
J’ai relevé 2 phrases de sa conférence que j’ai beaucoup aimé : « To involve other people you’ve got to involve yourself » (« Pour impliquer d’autres personnes, vous devez vous impliquer vous-même ») – par exemple pour faire peur aux téléspectateurs, il faut que ses génériques lui fasse peur à lui-même en premier. Et aussi : « Violence and darkness can be beautiful » (« La violence et la noirceur peuvent être belles ») – ce qu’il répond quand des gens lui parlent de son style très sombre. Bref, un homme très inspirant qui donne envie de bidouiller pour créer !
On se voit l’année prochaine ? 😉