Samedi 19 mai s’est tenue la 2e édition très réussie du Festival Motion Motion au Stéréolux (Nantes). Comme l’an dernier, le fameux panneau LED de 3 mètres de haut en forme de Keyframe nous a accueilli, avec de nouvelles animations, toujours aussi captivantes.
Les conférences ont de nouveau été ouvertes par Matthieu Colombel, cette fois à propos de l’histoire du motion design. Il a donc retracé les décennies en commençant par le grand Saul Bass et ses fameux génériques de films dans les années 1950-60, en passant par Daniel Kleinman qui a marqué un tournant en 1995 avec son générique de GoldenEye, ou encore en nous racontant une anecdote sur Kyle Cooper qui a été l’élève du célèbre graphiste Paul Rand à l’université de Yale. Il finit de dérouler la chronologie du motion design en nous citant des références actuelles telles que Angus Wall qui a dirigé le générique de Game of Thrones ou Patrick Clair qui est à l’origine des génériques de True Detective et Westworld.
Parmi les questions du public, l’éternelle interrogation sur la différence entre motion design et animation a refait surface. Pour lui, il ne s’agit pas de la même manière de raconter des histoires : le motion est plus dans la métaphore graphique (dans un format court), alors que l’animation va faire évoluer des personnages dans un récit. Un autre sujet intéressant a été soulevé pendant les questions : la différence culturelle et géographique dans le motion. Matthieu confirme qu’elle est bien réelle : l’Amérique du Sud exploite beaucoup les formes rondes assez enfantines, l’Angleterre est connue pour ses traités assez « trash », alors que la France est reine dans le domaine du luxe, par exemple.
S’ensuit une conférence pleine d’humour de Yodog sur le quotidien d’un studio de motion. Puis une dernière de Shandor Chury de chez Ovvo qui clôture la matinée en parlant de son expérience sur le travail en temps réel. Une conférence assez technique mais très intéressante qui a mis l’accent sur l’intérêt du travail procédural, plus flexible que le travail linéaire. Il parle d’ailleurs de direction artistique du mouvement plutôt que de motion design pour qualifier son travail.
L’après-midi est ouverte par Norbert Gilbert qui partage son expérience d’identité sonore pour Canal+ et nous explique que « L’identité n’est pas forcément une mélodie, ça peut être un ensemble de sons ». Puis c’est au tour de Julien Vallet (MIKROS) de nous montrer les interfaces utilisateurs et les typographies créées pour les effets spéciaux du film de Luc Besson, Valérian. Un travail titanesque !
Le festival a également accueilli Laurent Brett qui est revenu sur sa carrière dans le générique de film en France : le roi de la bricole et de l’artisanat ! Et c’est Mattias Peresini alias Mattrunks qui clôture la journée de conférences en parlant du futur de la création et notamment de la place des intelligences artificielles dans celle-ci.
En ce qui concerne les expositions, du côté de la salle Micro le mot d’ordre était l’interactivité ! A l’entrée de la salle, une dizaine de flipbooks à manivelle du graffeur Bob59 attendent d’être mis en mouvement pour nous dévoiler les histoires de Superflip Bob.
Sur la scène, Biborg & Alkemi revisitent le jeu rétro Pong avec leur installation The Motion Playground, en nous faisant jouer uniquement avec nos bras et en exploitant différents styles graphiques (chapeau pour la scène en stop motion!). Une expérience aussi intéressante que ludique, avec une bonne jouabilité !
Et le Monstro Bingo de Niark1 & Urbandrone nous invite à prendre place sur un quadrillage au sol pour voir les monstres prendre vie (et couleurs) à l’écran. De quoi captiver petits et grands !
Du côté du 4e étage, l’ambiance était plutôt aux installations immersives. Pythie de Guillaume Marmin et du duo Palefroi nous plonge dans une expérience visuelle et sonore intense en revisitant le mythe grec éponyme. Alors que DELTΔ d’Olivier Ratsi, questionne notre perception de l’espace avec son anamorphose animée.
Pendant toute la soirée, le Studio Katra et Hypercube nous ont présenté une performance de graffiti à 4 mains en live et à distance, grâce à la réalité virtuelle. La technologie au service de la création et de la collaboration !
Et pour finir cette journée en beauté, le festival nous a régalé de concerts accompagnés d’habillages graphiques très travaillés. Comme la collaboration très organique entre le musicien De la romance & le studio Yodog. Ou encore le projet Vingt Six réalisé par 20syl & le collectif Nope, qui consistait à animer 26 Lettres sur 26 Beats en 26 Minutes. Une claque visuelle et sonore !
Bref, encore une super édition, et un festival qui devient un incontournable dans le domaine ! ☝